LA REINE
Sur la natte de jonc dont la paille glissante
Craque de volupté de caresser ses reins,
Anacaona, belle en ses entours divins
S'étend avec délice, eurythmique et décente.
Agitant l'éventail de palme bruissante,
Sa suivante la berce avec de doux refrains;
Et le souffle léger, fleurant les romarins,
Dilate sa narine à l'aile frémissante.
Ses jambes et ses bras sont cerclés d'anneaux d'or,
Son sein est teint du sang de raquette vermeille;
Et, pendant qu'elle rêve et qu'elle sommeille
A l'ombre du mapou, dans l'ancestral décor,
Un rayon de soleil sur ses bijoux scintille
Et marbre de clartés sa chair de sapotille