PROCLAMATION
Le Roi, aux Haïtiens de l'Ouest et du Sud.
Haïtiens !
Les dissentions qui ont affligé notre pays ont toujours vivemeut affecté notre cœur paternel, et nous n'avons pas cessé et nous ne cesserons pas, de faire tous nos efforts pour parvenir à les éteindre sans répandre le sang n haïtien, ce sang précieux que nous devons conserver pour la défense de la patrie contre l'ennemi commun.
Lorsque le seul obstacle qui s'opposait à notre réunion existait encore, le peuple haïtien est témoin de toutes les démarches que nous avons faites pour en venir à la paix et aux moyens de conciliation; nous n'avons pas hésité à faire tes premiers pas, et il nous sera toujours doux et honorable n de faire le sacrifice de tout ce qui nous est personnel au bonheur et à l'intérêt général de nos compatriotes.
Aujourd'hui qu'il n'existe plus aucun obstacle à la paix, à la réunion du peuple et à l'extinction de la guerre civile, nous appelons les gens de bien, les bons pères de famille, enfin, tous les haïtiens qui aiment leur pays, le bon ordre et la tranquillité, à nous seconder de tout leur pouvoir pour travailler à la réunion des haïtiens, et mettre un terme à nos dissentions sans effusion de sang, et à faire naître un nouvel ordre de choses qui soit juste et raisonnable, honorable et avantageux pour tous.
Notre premier devoir et notre plus grand désir sont de travailler de tout notre pouvoir au bonheur du peuple haïtien, de le faire jouir de tous les avantages qu'il a droit d'attendre d'un gouvernement juste et paternel, d'introduire l'instruction publique, de faire fleurir la religion, les sciences et les arts, le commerce et l'agriculture; mais pour y parvenir efficacement, il nous faut consolider la paix intérieure.
Nous sommes instruits que des malveillants qui désirent voir renouveler les horreurs de la guerre civile, font courir le bruit que, sous le prétexte de visiter le royaume, nous profitons des nouvelles circonstances qui viennent de naître, pour faire marcher une armée contre le Port-au-Prince, tandis que le véritable objet de la tournée que nous faisons maintenant dans le royaume, accompagné de notre famille, est pour nous assurer par nous-même de la situation du peuple et des cultures, pour faire régner les lois, l'ordre et la justice, améliorer et réformer tout ce qui est susceptible de l'être.
Pour dissiper ces faux bruits, qui n'ont pour objet que d'aigrir les esprits, d'inspirer des craintes, pour éloigner la réunion des haïtiens en une seule et même famille, nous avons senti la nécessité de faire connaître quelles sont nos vues et nos intentions paternelles.
C'est pour leur donner leur pleine et entière exécution que nous nous sommes déterminé à prolonger notre séjour dans la ville de Saint-Marc, pour être plus à proximité de communiquer avec tes haïtiens de l'Ouest et du Sud, et ils ne doivent considérer les troupes qui occupent les lignes du cordon de l'Ouest, que comme des amis et des frères qui viennent, non pour tes combattre, mais pour les accueillir et fraterniser avec eux.
En conséquence, pour ne laisser aucun moyen aux ennemis du bien public, de l'ordre, et de la tranquillité, de semer de nouveaux bruits, tendant à jeter des doutes sur nos intentions pacifiques et bien prononcées, et pour que personne n'en puisse prétendre cause d'ignorance, nous déclarons et proclamons les articles ci-après, qui seront religieusement observés envers tous ceux qui reconnaîtront ou se déclareront en faveur de la réunion et de l'autorité royale et légitime.
1° La garantie des personnes et des propriétés;
2° Nul ne sera inquiété en aucune manière sur sa conduite passée, pour raison des dissentions civiles ;
3° La confirmation des grades et emplois à tous tes officiers civils et militaires de tous grades;
4° Nous promettons des honneurs et des récompenses les plus éclatants à ceux qui auront reconnu spontanément, et de leur propre mouvement, l'autorité légitime, et auront montré le plus de zèle et de dévouement à travailler à la prompte réunion des haïtiens;
5° Les troupes de ligne seront maintenues, habillées et payées; elles resteront dans leurs garnisons respectives, pour la garde de leurs foyers et la protection de leurs concitoyens, et tes chefs dans leurs commandements respectifs, tels qu'ils se trouvent maintenant;
6° Nous réitérons de nouveaux ordres aux généraux commandant des arrondissements de l'Arcahaie et du Mirebalais, de ne point inquiéter en aucune manière les haïtiens qui rentreront dans leurs foyers, et ceux qui se mettront sous leur protection; mais bien de tes accueillir avec douceur, bonté et humanité, de les protéger spécialement, de les traiter comme des frères et des concitoyens.
Donné en notre Palais royal de Saint-Marc; le 9 juin 1818, an XVe de l'indépendance, et de notre règne le 8e.
Signé : HENRY.
Par le Roi :
Le Secrétaire d'État, Ministre des affaires étrangères,
Signé : Comte de LIMONADE. »