Le Moniteur haïtien du 24 janvier 1846 |
Les officiers supérieurs de tout rang et de tout grade, les
officiers-généraux, les corps judiciaire et administratif se sont rendus au palais
national du Cap-Haïtien, ce jourd’hui 1er. Janvier 1846, à huit heures
précises du matin : la marche étant ouverte, le président d’Haïti ayant à
ses cotés les ministres et précédé du conseil d’état , s’est transporté dans l’ordre
établi, au Champ-de-Mars où étaient réunies les troupes de la garnison, à l’effet
de renouveler le salaire de nos pères qui, à pareil jour, jurèrent de vivre
libres, indépendans, ou de mourir, plutôt que de se soumettre à la domination
de n’importe quelle puissance étrangère.
Montant sur l’autel de la patrie avec les principaux membres
de son cortège, le chef de l’Etat invite le ministre de la guerre, de la marine
et des relations extérieures d’haranguer l’armée et de l’entretenir sur l’objet
de cette réunion annuelle. Le ministre, prenant la parole, retrace aux troupes
et aux citoyens, dans un discours improvisé et approprié à la circonstance, les
efforts que firent les héros de l’indépendance pour nous léguer une patrie et l’obligation
que nous prescrit l’honneur de conserver intacts et cet héritage et l’intégrité
du territoire.
Immédiatement après ce discours, le chef de l’Etat s’adresse
à l’armée et lui annonce l’ouverture prochaine de la campagne contre les
insurgés de la partie de l’Est, les militaires, ivres d’enthousiasme,
accompagnent leur serment de défendre la cause sainte de l’indivisibilité du
territoire, des cris cent fois répétés de vive la liberté ! vive l’indépendance !
vive le président d’Haïti ! et qui furent couverts de plusieurs salves d’artillerie.
Le président d’Haïti s’est rendu, du Champ-de-Mars au temple
du Seigneur, où un Te-Deum a été chanté avec pompe, et où aussi le ministre du
culte a prononcé, à cette occasion, un sermon qui a édifié toute l’assemblée :
la cérémonie ainsi terminée, le cortège est retourné au palais national dans le
même ordre qu’il avait suivi en sortant.
Le reste de la journée s’est écoulé dans une parfaite
tranquillité ; le peuple content, s’est livré avec décence à la joie
excessive qu’inspire le souvenir d’un jour si mémorable et qui fait époque dans
nos annales politiques.
Clos les jours, mois et au que dessus.
B. JN.-SIMON