LIBERTÉ ET INDEPENDANCE
Au Palais du Cap, le 19 Septembre 1808
L'an... de l'Indépendance
HENRY CHRISTOPHE
Président et Généralissime des Forces de Terre et de Mer de l'Etat d'Haïti
Proclamation
Braves Espagnols,
Depuis longtems votre réunion à l'Etat d'Haïti, a été l'objet de mes plus vives sollicitudes. Les évènements qui viennent d'ébranler en Europe le throne d'Espagne, doivent enfin vous dessiller les yeux sur les dangers dont vous êtes environnés : ils doivent vous montrer combien vos prétendus protecteurs, ennemis de votre nom, le sont enfin de votre existence; ils n'attendaient que le moment de réunir contre vous l'artifice à la vengeance, pour vous anéantir.
Vous venez de prendre l'attitude d'un peuple courageux et de vous débarrasser des faibles liens dans lesquels vous restiés volontairement détenus; reprenés donc aussi vos anciennes liaisons avec nous - habitants du même territoire, sujets aux mêmes besoins, vous devés voir en nous des amis naturels, qu'un même intérêt doit unir à jamais.
Jaloux d'ouvrir avec vous les anciennes communications qui favorisaient notre prospérité commune, je vous fais l'offre de venir commercer dans l'Etat d'Haïti, comme vous y veniés précédemment.
Je vous promets sous la fois du Gouvernement la sureté la plus complette pour vous et vos propriétés. Je ferai donner les ordres les plus sévères pour qu'une police rigoureuse soit exécutée avec la plus exacte attention; et sitôt que j'aurai des preuves de la réciprocité de vos sentiments, je m'appliquerai à vous faire procurer des facilités et des avantages, que vous ne pourrés trouver nulle part, qu'au milieu de nous.
Braves Espagnols ! Tels sont mes intentions pour vous; je ne vous fixe point de lieu particulier, je ne vous assigne aucune place, pour établir vos échanges. Plein de confiance sur la parole que vous m'aurés une fois donnée, je vous recevrai jusque dans la capitale de cet Etat.
Vous savés que je n'ai jamais fait de promesses que je n'aie scrupuleusement tenues et l'inviolabilité de ma parole est connue de tous ceux avec qui j'ai traité. N'ayez donc nulle crainte; je vous tends des bras paternels, profités de ma bienveillance pour vous. Que si malgré cela, il vous restait la moindre appréhension, envoyés auprès de mois quelques personnes sur la fidélité desquelles vous pourrés compter, et alors je leur ferai connaitre plus particulièrement mes intentions.
Pour copie conforme
Le secrétaire d'Etat,
Rouanez