Statue équestre de Jean-Jacques Dessalines au Champ-de-Mars Par José Antonio Torres, journaliste dominicain
Le Venezuela et la Nouvelle Grenade perdus, l'île d'Haïti m'a accueilli avec hospitalité : le magnanime Président Alexandre Pétion m'a donné sa protection et sous ses auspices j'ai formé une expédition de 300 hommes comparables en courage, patriotisme et vertu aux compagnons de Léonidas...", aurait commenté Simón Bolívar à José de San Martín. Après avoir vaincu les armées coloniales d'Angleterre, d'Espagne et de France, en 1815, le dirigeant haïtien Alexandre Pétion offre l'asile à Manuel Dorrego et convoque Simón Bolívar, qui se réfugie en Jamaïque, déprimé et au bord du suicide, pour reprendre la lutte pour la libération des peuples d'Amérique.
L'histoire rapporte que le président Petion a donné des armes, des navires et des soldats à Bolivar pour son plan de lutte pour l'indépendance des peuples d'Amérique.
L'Haïtien a demandé à Bolivar - et il l'a donc fait signer - qu'en échange de ce soutien, les révolutionnaires sud-américains décrètent l'abolition de l'esclavage en Amérique. Bolívar prit l'engagement et partit pour le continent avec des soldats sélectionnés par Pétion lui-même.
Ainsi, dans chaque libération de l'Amérique au cours du XIXe siècle, il y avait au moins un soldat haïtien. Cependant, l'histoire de l'Amérique latine a été ingrate pour les Haïtiens, car ces contributions ont été minimisées par les historiens, la plupart influencés par le racisme. Nous, peuples caribéens, ne devons pas oublier que la révolution haïtienne a été la première dans la région, en 1804, qui a initié le processus qui allait aboutir à l'abolition de l'esclavage.
Cependant, les puissances économiques de l'époque ne reconnaissaient pas l'indépendance d'Haïti, afin de ne pas encourager d'autres révoltes d'esclaves dans le monde. Les nations les plus développées d'Europe ont imposé des blocus économiques et n'ont rien fait pour aider au développement du nouvel État. Alors que les États-Unis ont attendu 1862 pour reconnaître cette indépendance. Ainsi, l'appréciation manifestée par Nicolás Maduro et Raúl Castro au peuple haïtien est une sorte de retour à la solidarité manifestée par Haïti dans le passé à ses frères latino-américains.
Nota: Cet article a été publié initialement en espagnol au journal dominicain El Nacional le 7 janvier 2014.