Ces lignes ont été écrites le 7 octobre 1967 dans son journal de bord. Che Guevara a été arrêté le 8 puis exécuté le 9 par l'Armée bolivienne.
Les onze mois depuis lesquels nous avons commencé la guerilla se sont terminés sans complications, bucoliquement jusqu'à 12 h 30, heure à laquelle une vieille est venue garder ses chèvres dans le cañon où nous campion et où nous avons dû la faire prisonnière. La femme ne nous a donné aucune nouvelle digne de foi concernant les soldats, elle a simplement répondu qu'elle ne savait pas, qu'il y avait longtemps qu'elle n'allait plus par là. Elle nous a simplement donné des renseignements sur les chemins ; d'après ce qu'elle dit, il apparait que nous sommes à peu près à une lieue de Higueras, à une lieue de Jaguey et à environ deux lieues de Pucara. A 17 h 30, Inti, Aniceto et Pablito ont été chez la vieille qui a une fille goiteuse et à moitié naine ; on leur a donné 50 pesos en leur demandant de ne pas dire un mot, mais sans beaucoup d'espoir qu'elles tiennent leur promesse. Nous sommes partis à 17 h avec un faible clair de lune et la marche a été très pénible en laissant beaucoup de traces dans le cañon où nous étions ; il n'y a pas de maisons proches, mais il y a des champs de pommes de terre irrigués par des canaux venant du torrent. A 2 h nous nous sommes arrêtés pour nous reposer, car ça ne valait déjà plus la peine de continuer à avancer. El Chino devient vraiment un poids quand il faut marcher la nuit.
L'armée a donné une information bizarre au sujet de la présence à Serrano de deux cent cinquante hommes qui doivent empêcher le passage des guérilleros encerclés, au nombre de trente-sept, et a situé la zone où nous sommes réfugiés entre l'Acéro et l'Oro. La nouvelle a l'air d'une diversion.
h = 2 000 m.
Traduit de l'espagnol par Franchita Gonzalez Battle et France Binard.