Discours de Jean-Pierre Boyer à Hôtel de ville de Santo Domingo devant les autorités de la ville



Citoyens,

Je regrette beaucoup de n'avoir pu comprendre parfaitement toutes les parties du discours que vient de prononcer le citoyen Nunez, afin de pouvoir y répondre de point en point. Cependant je dois vous répéter ici, qu'aucune ambition particulière ne me domine ; que mon devoir seul a guidé mes pas dans cette partie intégrante de la République ou le sang eut coulé, si je ne m'étais empressé de m'y rendre. Quoique la Révolution du 1er Décembre n'ait été suivie d'aucun malheur de ce genre, les documens officiels que j'ai reçus de cette ville, ainsi que de St-Yague et de St.-Jean [Santiago de Los Caballeros et San Juan de La Maguana, ndlr], prouve d'une manière incontestable, qu'elle l'aurait été.

Je reçois avec satisfaction les protestations que vous me faites de la soumission et de la fidélité que vous jurez à la République. Quant aux clefs de la ville qui me sont offertes, je ne les accepte point, parce que je ne suis pas venu ici en conquérant, que ce n’est pas la force des armes qui m’y a amené, mais bien la volonté des habitans qui m’ont librement appelé pour les garantir des droits et des avantages dont ils n’ont jamais joui. En conséquence, je déclare, comme chef de l’État, que je ferai tous mes efforts pour que ceux qui augmentent aujourd’hui la famille haïtienne ne soient jamais dans le cas d’éprouver aucun regret de la démarche qu’ils viennent de faire.


Traducción al español


Ciudadanos,

Lamento mucho no haber podido comprender plenamente todas las partes del discurso que acaba de pronunciar el ciudadano Núñez, para poder responder a ellas de un punto a otro. Sin embargo, debo repetirles aquí que ninguna ambición particular me domina; que solo mi deber guió mis pasos en esta parte integral de la República donde la sangre habría corrido, si no me hubiera apresurado a ir allí. Aunque la Revolución del 1 de diciembre no fue seguida de tal desgracia, los documentos oficiales que recibí de esta ciudad, así como de Santiago y San Juan, prueban de manera indiscutible que lo habría sido.

Me complace recibir sus protestas sobre la sumisión y lealtad que juran a la República. En cuanto a las llaves de la ciudad que me ofrecen, no las acepto, porque no vine aquí como conquistador, porque no fue la fuerza de las armas lo que me llevó allí, sino la voluntad de los habitantes que me llamaron libremente para garantizarles derechos y beneficios que nunca han disfrutado. En consecuencia, declaro, como Jefe de Estado, que haré todos mis esfuerzos para que los que hoy están aumentando la familia haitiana nunca, en caso de que experimenten algún arrepentimiento por el paso que acaban de dar.

Source : Journal officiel Le Télégraphe du 10 mars 1822.
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