Port-au-Prince, le 8 février 1808, an V.
Le Sénat,
Ouï le rapport de son comité des finances ;
Considérant que récompenser les actions utiles à l'État, est une partie de ses obligations, et que si dans nos jeunes militaires, l'amour de la patrie suffit seul pour les porter aux actions d'éclat, il n'est pas moins de ses devoirs de donner des preuves de sa reconnaissance à ceux qui, par leur courage et leur bravoure, ont rendu des services importants à la patrie ;
Considérant l'action héroïque du jeune COUSTARD, qui sacrifie sa vie pour sauver celle du premier chef de l'État ;
Considérant que cette action, qui le place à côté des héros dont les hauts faits ont illustré leur pays, mérite la reconnaissance nationale ;
DÉCRÈTE ce qui suit :
Art. 1. Le citoyen COUSTARD, père, recevra à titre de reconnaissance nationale une pension annuelle et viagère de quatre cents gourdes.
Art. 2. Cette pension sera payée par quartier, de trois mois en trois mois.
Art. 3. La susdite pension sera réversible sur la tête de son épouse.
Art. 4. La présente loi sera imprimée et mise à l'ordre des armées de la République.
Port-au-Prince, le 8 février 1808, an V.
Signé : BONNET, président, Pélage VAREIN et L.-A. DAUMEC,
Secrétaires.
AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE.
Le Président d'Haïti ordonne que la loi ci-dessus, etc.
Signé : PÉTION.
Par le président :
B. BLANCHET, secrétaire général.
Nota : Philippe Jérôme Coutilien Coutard est né le 10 novembre 1778. Il servit dans la 4ème demi-brigade sous Toussaint Louverture. Il devint lieutenant des grenadiers en 1804. Il entra au service de Pétion pendant la guerre civile suivant la mort de Dessalines. Il prit part à la bataille de Sibert, près de Port-au-Prince, entre les troupes de Christophe et celles de Pétion, où il mourut le 1er janvier 1807. En se coiffant du chapeau galonné de général, les soldats de Christophe le poursuivirent et le tuèrent à coup de sabre, pensant avoir tué Pétion. Il était lors de cette bataille à la tête d'une compagnie de la troisième demi-brigade.