Le président Fabre Geffrard demande la médiation de la France et de l'Angleterre pour faire échec à l'annexion de la République Dominicaine par le Roi d'Espagne


Mémorandum adressé par le gouvernement haïtien aux gouvernements de France et d'Angleterre

Le 18 mars dernier, le pavillon de l'Espagne a été arboré dans toute l'étendue de cette partie orientale de l'île d'Haïti, qui, depuis le 27 février 1844, s'était constituée en État souverain, sous la dénomination de la République dominicaine. Les sérieuses complications qu'un tel événement a déjà provoquées et peut amener par la suite, ne sauraient être indifférentes, assurément, aux deux grandes puissances, qui marchent à la tête de la civilisation et qui exercent particulièrement, sur la politique de ces régions de Nouveau Monde, une si salutaire influence.

Le gouvernement d'Haïti a pris, dans cette grande circonstance, la détermination de faire une démarche solennelle auprès de la France et de l'Angleterre. Sérieusement menacée par cette transformation inopinée d'un état de choses, que ces deux grandes puissances ont reconnu et consacré, il a cru obéir à un devoir impérieux en recourant ainsi aux gouvernements de France et d'Angleterre dont la bienfaisante intervention peut si facilement écarter les funestes conséquences qui résulteront inévitablement de l'acte inouï accompli le 18 mars.

Le gouvernement d'Haïti ne saurait entrer dans des développements trop circonstanciés pour attirer sur cette affaire toute l'attention que sa gravité réclame. Avant donc de relater, dans toute leur vérité, les faits qui ont amené cette complication, avant d'exposer avec impartialité la conduite respective des parties qui se sont trouvées en présence dans ces circonstances, il importe d'aborder quelques considérations indispensables pour apprécier sainement l'esprit, qui, à différentes époques, a dirigé la politique du gouvernement haïtien à l'égard de l'Est d'Haïti.

La nation haïtienne s'est trouvée à l'origine et se trouve encore dans des conditions toutes particulières.

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attention de ses fondateurs aussi bien que des hommes qui ont été appelés depuis à diriger ses destinées. Composées de descendants d'une race opprimée dont le sort est loin encore de s'être amélioré en proportion des efforts généreux de la France et de l'Angleterre, les deux puissances qui ont le plus travaillé dans ce but, elle a dû constamment envisager la situation périlleuse, que lui faisait la prédominance autour d'elle d'un système odieux, dont son existence est l'éclatante négation et qui ne peut se développer qu'au détriment d'Haïti. Le peuple haïtien donc, environné de colonies ou d'États, dans lesquels les institutions avaient consacré l'asservissement des hommes de même race que lui, ne pouvait se sauvegarder qu'en se prémunissant contre toute occupation d'un point quelconque du territoire déjà si restreint de l'île.

Telle est la raison politique de cette disposition conservée dans les différents pactes fondamentaux, qui ont régi le pays depuis son indépendance, disposition qui assigne pour territoire à la nationalité haïtienne Haïti tout entière et ses îles adjacentes. Pour comprendre la justesse de cette déclaration, dictée par le sentiment de la conservation nationale et confirmée dans la suite par vingt-deux années d'union et de confraternité, il suffit de rappeler l'origine commune et, par conséquent, l'identité d'intérêt de la grande majorité des populations de l'Est avec celles de l'Ouest d'Haïti. La préoccupation, du reste, de l'unité du territoire ne s'est pas seulement manifestée depuis la proclamation de l'indépendance d'Haïti. Bien avant cette date, à une époque où l'île suivait d'autres destinées, et alors que les raisons en étaient basées sur un intérêt d'un ordre bien moins élevé, cette nécessité pour l'île de n'appartenir qu'à une seule et même puissance s'était révélée et avait donné lieu dans ce but à des négociations réitérées, notamment en 1698, en 1740, 1783 et surtout en 1795.

Cette unité nécessaire de l'île d'Haïti, dès son apparition à la vie politique avait... de ses vœux les plus ardents, s'opérait en 1822... volonté des habitants de l'Est... participé de la constitution originaire de cet État. L'union intime des deux populations d'Haïti dura de cette époque à 1844. Ce fut pendant ces vingt-deux années de paix et de prospérité que la nationalité haïtienne, établie dans l'île entière, fut définitivement reconnue, soit tacitement, soit expressément, par les principales puissances étrangères. Après cette longue période d'harmonie et de bonne entente, et à la suite d'événements qu'il est inutile de rappeler ici, l’ère des dissensions intestines se rouvrit pour Haïti, et les habitants de l'Est, moins guidés par leurs véritables intérêts que poussés par l'ambition de quelques hommes, résolurent de séparer leur sort de celui de leurs frères de l'Ouest. Cette fatale scission de l'île en deux Républiques, dont les funestes résultats n'étaient que faciles à prévoir, eut pour première conséquence de modifier profondément le caractère sympathique et amical qu'avaient, même avant leur scission, les rapports de ces deux populations. Si, d'un côté, les hommes qui prirent la direction des affaires de l'Est se montrèrent plutôt disposés à sacrifier leur patrie, en y appelant la domination étrangère, qu'à se rapprocher de l'Ouest, de l'autre, le gouvernement d'Haïti, justement alarmé du danger qu'entraîneraient infailliblement la désunion des Haïtiens et de la division du territoire, refusa toute consécration au fait accompli dans l'Est le 27 février 1844. Deux tendances si contraires devaient faire naître de part et d'autre un esprit d'hostilité, qui, toutefois, sauf deux tentatives d'expédition contre l'Est, ne se manifesta pendant longtemps que par des luttes isolées sur les frontières respectives des deux parties antagonistes. A partir de 1849, la situation s'aggrava par suite de la résolution que prit le gouvernement d'alors de mettre fin à la scission par la force des armes. Les déplorables excès qui accompagnèrent et suivirent l'expédition tentée sans succès à ce moment, l'attitude envahissante que conserva, pendant toute sa durée vis-à-vis de l'Est, ce gouvernement, dont le système était si peu propre à offrir des garanties aux populations de cette partie, et surtout la nouvelle expédition entreprise en 1855, semblaient avoir écarté pendant longtemps tout esprit de réconciliation. Pendant... cette dernière période, l'intervention officieuse... de part et d'autre des gouvernements de France et d'Angleterre s'efforça d'exercer de salutaires effets. Ces deux puissances, après avoir témoigné de leur désintéressement, en refusant à différentes reprises des propositions d'agrandissement dans l'Est, avaient enfin reconnu l'indépendance de la République dominicaine. Animées des mêmes sentiments en faveur des deux populations, dont elles avaient consacré l'existence politique, elles eurent la généreuse pensée de s'interposer en médiatrices entre les parties en dissentiment et de conseiller sans cesse l'adoption des mesures qui leur paraissaient les plus propres à terminer une lutte stérile.

Telle était la situation, au moment où la révolution du 22 décembre 1858 vint remettre à un nouveau pouvoir la direction des destinées du pays. Le gouvernement de la République restaurée, appréciant les sages conseils des puissances médiatrices, qui concordaient si pleinement avec ses vues personnelles, résolut de substituer un régime de paix au système d'hostilités suivi dans le passé. Une trêve de cinq années inaugura cette ère nouvelle. Grâce à cette période de calme et de sécurité, le gouvernement d'Haïti espérait laisser aux habitants de l'Est le temps de méditer sérieusement sur leur détermination de se régir eux-mêmes, décidé qu'il était, après cette dernière et indispensable épreuve, à sanctionner solennellement leur volonté nationale, si elle persistait dans les mêmes voies. Il se promettait aussi, par cette mesure, de détruire toute cause d'irritation et de ressentiment entre des enfants d'une même terre, et de ramener, comme autrefois, entre deux populations faites pour s'entendre, ces rapports d'amitié, qui ne devraient pas cesser d'exister, alors même qu'elles vivraient indépendantes. Le gouvernement de la République croyait devoir suivre cette conduite prudente, mais loyale et sincère, avant de prendre la grave résolution de consacrer la division du territoire d'Haïti.

Les populations de l'Est, particulièrement celles des frontières, n'hésitèrent pas à accepter cette réconciliation. Elles mirent même un tel empressement à renouer d'anciennes et utiles... qu'avaient interrompus quinze années d'erreur... de leurs gouvernants d'alors... de s'y opposer à tout prix. Des mesures de rigueur furent prises dans ce but, et une révolte s'ensuivit. Les communications échangées à l'occasion de cet événement, entre le gouvernement d'Haïti et les agents de la médiation, sont trop récentes pour avoir besoin d'être rappelées ici.

À ce moment déjà, les gouvernements de l'Est poursuivaient avec ardeur la réalisation d'un projet déloyal, aussi contraire aux vrais intérêts des deux populations qu'aux vœux manifestés des gouvernements de France et d'Angleterre. Le général Santana et ses conseillers avaient plusieurs fois montré, en dépit des devoirs que leur imposait la mission sacrée de régir les affaires de l'Est, le peu de prix qu'ils attachaient à l'indépendance de leur patrie. L'intervention des puissances médiatrices avait été constamment nécessaire pour faire échouer leurs funestes tentatives contre cette indépendance. En reprenant de nouveau leurs manifestations, les gouvernants de l'Est s'étaient décidés à employer cette fois tous les moyens de leur assurer le succès.

Dès le commencement de 1860, le gouvernement d'Haïti fut avisé de ces menées secrètes, mais à ce moment c'était encore avec les Etats-Unis, disait-on, que des négociations étaient entamées pour l'asservissement de l'Est. Quelques mois après, des informations précises indiquèrent l'Espagne. On apprenait presqu'en même temps qu'un personnage dominicain s'était rendu à la Cour de Madrid. Sur ces entrefaites, l'arrivée de Canadiens et surtout d'Espagnols, venus de la Péninsule même dans la. partie orientale de l'île, attirait sérieusement l'attention du gouvernement d'Haïti, lorsqu'en novembre dernier, un avis sorti d'une source respectable, révéla d'une manière positive que des négociations occultes étaient entamées avec l'Espagne. Un agent espagnol, arrivé de la Havane, avait eu avec le général Santana à Los Llanos, lieu retiré de la capitale, une conférence secrète à laquelle assistaient le Consul d'Espagne, le Vice-président et deux Ministres dominicains. Immédiatement après cette conférence, l'agent était reparti pour la Havane accompagné du... et des deux autres Ministres dominicains... des Relations extérieures. Ces divers personnages, affirmait-on, allaient s'entendre sur les bases d'un protectorat ou d'une prise complète de possession. D'autres faits plus caractéristiques encore furent successivement signalés. Ainsi, vers décembre, des officiers espagnols étaient appelés à occuper des postes élevés dans l'armée dominicaine, en même temps qu'un journal fondé à Santo-Domingo et rédigé par ces mêmes officiers, prêchait en termes peu déguisés l'annexion de la République dominicaine à son ancienne métropole. Ce fut le mécontentement manifesté de toutes parts dans la population, qui recula de quelque temps l'exécution du coup hardi que projetaient le général Santana et ses conseillers. Sous le faux prétexte de distribuer des armes de qualité supérieure reçues de l'étranger par le gouvernement dominicain, on avait eu le soin de désarmer préalablement la population sans effectuer l'échange promis. Dans les principales localités, des juntes se réunirent pour s'entendre sur les moyens de résister et se mirent en rapport avec les nombreux exilés que le général Santana a expulsés du pays, pendant tout le cours de sa domination tyrannique. Dans leur impuissance d'agir à l'intérieur, tous tournent leurs regards vers le gouvernement d'Haïti, dont ils réclament le concours, pensant que les faits déroulés jusqu'alors suffisent pour motiver la rupture de la trêve.

Sur ces entrefaites, les agents des puissances médiatrices, qui avaient été en mesure de constater, dans un entretien avec le Président d'Haïti lui-même, la sincérité des dispositions du gouvernement haïtien, voulant sans doute ôter au général Santana tout prétexte pour la perpétration de l'acte qui lui était imputé, n'hésitèrent pas à lui annoncer que ce gouvernement était prêt à reconnaître l'indépendance de l'Est. Ils informèrent de cette démarche le gouvernement haïtien et l'invitèrent à leur indiquer ses propositions pour l'arrangement à intervenir. Le général Santana et ses conseillers, qui ne songeaient qu'à gagner du temps pour mieux assurer la réussite de leur projet, avaient demandé aux agents de la médiation que des propositions explicites leur fussent formulées et qu'un lieu fut désigné pour les conférences.

Cependant le gouvernement d'Haïti, préoccupé des révélations qui lui parvenaient sans cesse sur la détermination du général Santana ........... ............... ............. ............. ............. ............. la médiation.

Après avoir exposé, par une dépêche en date du 16 février, la conduite qu'il avait suivie depuis le rétablissement de la République, le gouvernement d'Haïti résumait les données certaines parvenues à sa connaissance sur les machinations du général Santana et de ses conseillers, et continuait en ces termes : « Chaque fois que vous avez eu à nous entretenir de la question de l'Est, vous vous êtes toujours attachés à nous rappeler que vos instructions vous prescrivent de veiller au maintien des deux nationalités existant sur le territoire de l'île.

» Que deviendrait alors votre mandat, veuillez nous permettre de vous le demander, si la conviction vous était acquise que les gouvernants de l'Est s'étaient donné un protecteur ou avaient eux-mêmes appelé une domination étrangère ? »

En répondant à ces communications, à la date du 18, les représentants de la France et de l'Angleterre disaient à leur tour au gouvernement d'Haïti :

« En admettant, pour un instant et par impossible, les hypothèses même les plus extrêmes, nous avons tout lieu de croire que la trêve serait scrupuleusement respectée par les autorités de l'Est. Mais, si malheureusement il n'en était pas ainsi, le gouvernement haïtien peut être assuré que notre concours ne lui fera pas défaut pour la préserver et la maintenir. En terminant, nous ne saurions assez louer la réserve avec laquelle le gouvernement haïtien déclare vouloir suivre les événements, en attendant qu'ils lui indiquent clairement la ligne de conduite qu'il doit adopter, et l'engager à y persévérer. Rester dans les strictes limites de son droit, ne pas se créer des embarras réels, en voulant prévenir des dangers éventuels ou imaginaires, par l'envoi de troupes sur la ligne des frontières qui est contestée, s'abstenir de tout acte inopportun et, partant, susceptible d'être mal interprété ni de servir de prétexte plus ou moins plausible à des récriminations même injustes au fond, telles sont, croyons-nous, les conditions dans lesquelles Haïti sera préservée de toute atteinte et deviendrait, au besoin, l'objet de la sollicitude active de nos gouvernements, auxquels nous nous empressons d'adresser par le prochain packet copies de la communication que nous avons reçue avant-hier et de la présente... »

À ce moment... dans l'Est et à l'isolement du général Santana, qui n'avait pas encore substitué à son autorité celle d'une puissance étrangère, le gouvernement d'Haïti pouvait sortir de sa réserve et reprendre, en rompant la trêve à bon droit, son entière liberté d'action. Plein de confiance dans le langage des agents de la médiation, il aima mieux persister dans la pensée de suivre les voies amiables et pacifiques, dont l'adoption lui assurait l'approbation et au besoin la sollicitude active de la France et de l'Angleterre. Il ne s'occupa plus dès lors qu'à élaborer l'acte important qui devait mettre fin aux dissensions des deux parties de l'île d'Haïti. Après avoir établi, d'accord avec une commission de neuf sénateurs, les bases de l'arrangement et avoir obtenu l'approbation du Sénat tout entier, il informait les agents de France et d'Angleterre que, prêt à entamer les négociations, il avait choisi la ville de Kingston (Jamaïque) pour le siège des conférences et se disposait à faire partir bientôt ses plénipotentiaires.

Les représentants de France et d'Angleterre, confiants dans le bon accueil que le général Santana, pour mieux les tromper et cacher ses véritables desseins, avait en apparence fait à la proposition d'un traité avec Haïti, chargèrent leurs collègues, à Santo-Domingo, d'annoncer aux gouvernants de l'Est les dernières dispositions du gouvernement haïtien, afin qu'ils eussent de leur côté à en prendre d'analogue. Mais déjà le général Santana et ses complices avaient audacieusement jeté le masque en faisant arborer sur le territoire oriental le pavillon de l'Espagne. Le 6 avril, la nouvelle de cet acte inouï parvenait à la connaissance du gouvernement haïtien, qui apprenait aussi le débarquement de troupes espagnoles dans cette partie et, ce même jour, le Consul d'Espagne à Port-au-Prince lui notifiait la prise de possession de l'Est par cette puissance.

Une pareille trahison souleva l'indignation générale et fit naître dans tous les cœurs les sentiments commandés par un sincère attachement à l'indépendance nationale. À la suite de sa protestation, le gouvernement d'Haïti reçut de toutes les localités... annonçant la résolution de sauvegarder...

Dans cette grave conjoncture, le gouvernement d'Haïti songea aux efforts qu'avaient constamment faits les deux puissances médiatrices dans un bienveillant intérêt, pour le maintien des deux nationalités reconnues par elles dans l'île. Il se rappela aussi l'assurance que lui avaient donnée les agents de la médiation de la sollicitude active de leurs gouvernements, dans le cas où la voie suivie sur leurs conseils n'aurait pas conduit au but désiré.

Dès lors, ce gouvernement, poursuivant sa conduite sage et modérée, a pris la détermination de demander dans cette affaire, aux gouvernements de France et d'Angleterre, leur intervention, qui peut si facilement amener une solution satisfaisante, et, par suite, prévenir de grands malheurs. Une telle intervention écarterait également les nouvelles et graves complications qui peuvent naître de l'attitude menaçante que semble disposé à prendre dans cette occurrence le gouvernement des Etats-Unis.

Il importe de ne pas se méprendre sur la portée et la valeur de l'acte accompli dans l'Est le 18 mars dernier, pour bien apprécier la situation à laquelle il a donné naissance. Le général Santana, en acceptant la Présidence de la République dominicaine, avait juré de maintenir une constitution, dont l'article 3 est conçu en ces termes :

« Aucun pouvoir ni aucune autorité ne pourra aliéner le tout ou une partie quelconque du territoire. »

Nulle disposition de ce pacte fondamental ne l'autorisait, pas même de la manière la plus indirecte, à exercer un droit réservé à l'universalité de ses concitoyens. Foulant aux pieds cette Constitution, méprisant cette souveraineté populaire, dont relevaient pourtant tous ses pouvoirs, il a, de sa propre autorité et sans avoir consulté ni le Congrès, ni le peuple assemblé en comices solennels, déclaré s'établir dans l'Est la domination de l'Espagne. Et cet acte préparé avec ruse et mystère, exécuté par surprise, il a compté, pour le faire accepter, sur le fait accompli, se flattant sans doute, après sa consommation d'obtenir des apparences de légalité, au moyen des forces dont il dispose contre une population désarmée et contenue par l'intimidation. Mais une pareille combinaison... fruits et sera-t-elle légitimée par le succès ?... précédent saurait-il être établi .............................. bases essentielles de la politique internationale ? Il ne pourra suffire, pour modifier la condition d'un État, de la perfide volonté de quelques hommes à une époque où le droit des peuples à se prononcer sur leurs destinées, reçoit, grâce aux efforts combinés de la France et de l'Angleterre, par tant de faits mémorables, son éclatante consécration. La souveraineté de la volonté populaire, acclamée et honorée sur certains points du globe, ne saurait être méconnue et sacrifiée sur d'autres, et l'amour de l'indépendance nationale est un sentiment trop sacré pour ne pas être entouré d'un égal respect partout où il se manifeste.

Les observations des deux puissantes nations, auxquelles le droit des gens est redevable du triomphe de ces grands principes, ne manqueront pas de faire comprendre à l'Espagne qu'elle doit s'abstenir de sanctionner un fait accompli par des moyens déloyaux et au mépris de tout droit. L'Espagne ne pourra se refuser à reconnaître que tous actes provoqués, depuis l'occupation, dans le but de la cession arbitraire du général Santana, seront entachés d'un vice radical et, par conséquent, de nul effet, et que, pour avoir l'expression des vœux populaires, dans l'Est, elle devra avant tout retirer ses troupes et replacer les populations de cette partie d'Haïti dans des conditions indispensables de liberté et d'indépendance.

Port-au-Prince, le 24 avril 1861.

(Signé) : PLESANCE.


Source : Jean-Price Mars. La République d'Haïti et la République Dominicaine. Les aspects divers d'un problème d'histoire, de géographie et d'ethnologie. Tome II (1953)


Nota : Les pointillés ci-dessus comme ceux qui suivent indiquent des parties illisibles du document. 
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