Jean-Pierre Boyer annonce la mort d'Henry Christophe et son désir de conquérir tout le Royaume christophien
Port-au-Prince, le 17 octobre 1820.
JEAN-PIERRE BOYER, Président d'Haïti.
Le tyran n'est plus, il s'est fait justice lui-même.
CHRISTOPHE, dont le pouvoir usurpé couvrait de deuil et de misère la partie du Nord et celle de l'Ouest qui lui obéissaient, a terminé ses jours dimanche dernier, 8 du courant, à sept heures et demie du soir, par un coup de pistolet, à la nouvelle de la défection de ce qu'il appelait sa maison militaire qui, au lieu de combattre, comme il le voulait, le général RICHARD et les troupes de la garnison du Cap qui s'étaient déclarés le 6 contre son despotisme, les a embrassés et a juré, en se réunissant à la République, de vivre désormais unis, et comme un peuple de frères et d'amis.
Le Président d'Haïti s'empresse de témoigner sa satisfaction, au nom de la patrie, à tous les haïtiens qui, dans ces circonstances, ont servi utilement la cause de la liberté et de l'égalité, et de leur assurer que rien ne sera épargné pour adoucir leur sort ; les militaires qui sont en retard de faire leur soumission, doivent se présenter sans crainte. La République est clémente, parce qu'elle est forte ; elle n'a que des enfants à réunir et point d'ennemis à combattre ; ceux-là seuls, qui oseraient résister au vœu du peuple, en se conduisant par des vues particulières, seront livrés au glaive de la loi.
Les généraux, officiers supérieurs et les militaires de tous grades, doivent faire leurs efforts pour maintenir le bon ordre partout ; il est défendu de faire couler le sang de personne : celui qui se le permettra sera considéré comme assassin.
Le Président d'Haïti doit parcourir toute la partie du Nord avec des forces imposantes; non pas pour conquérir, mais pour concilier et pacifier. Le peuple veut être libre : il le sera ; la Constitution, seule, peut lui garantir ce précieux avantage, parce que la Constitution de la République est l'ouvrage de ses représentants.
Donné au Palais national de Saint-Marc, le 17 octobre 1820, an XVII.
Signé : BOYER.
Par le Président:
Le Secrétaire général, signé : B. INGINAC.