Procès-verbal de l'entrée du président Jean-Pierre Boyer et des Forces armées d'Haïti à Santo Domingo le 9 février 1822

Entrée du président Boyer et des Forces armées
 de la République haïtienne à Santo Domingo
Crédit : Ramon Sandoval (Diario Libre)

Santo-Domingo, le 9 février 1822

    Aujourd'hui neuf février mil huit cent vingt-deux, jour désigné pour l'entrée et la réception de S. E [Son Excellence, ndlr] le Président d'Haïti, les membres du corps municipal se sont rendus, à 7 heures du matin, à la porte du Comte, afin de recevoir S. E., comme en effet elle a été reçue, avec tout le cérémonial déterminé par les ordonnances militaires et les lois civiles et politiques du pays. Après que S.E. eut été accompagnée à la salle municipale et qu'elle eut pris la première place due à sa dignité de Président, le citoyen JOSEPH NUNEZ DE CASEREZ, qui jusqu'alors avait été à la tête de la municipalité, annonça au Président la cérémonie usitée en pareille occasion, laquelle consistait à lui remettre les clefs de la ville, comme pour signifier qu'elle se rangeait sous sa domination, ainsi que le territoire dont elle est la capitale; mais S. E., rendant hommage aux principes héroïques d'une vertueuse modestie, ne voulut point s'assujettir à une semblable cérémonie, disant qu'elle était incompatible avec les sentiments qui l'animaient, lesquels n'étaient pas ceux d'un conquérant, mais plutôt ceux d'un père, d'un frère, d'un ami qui venait embrasser, avec tout l'épanchement du cœur, les nouveaux haïtiens qui s'étaient réunis à la famille. 

    Le citoyen JOSEPH NUNEZ DE CASEREZ, en donnant le siège principal à S. E., prononça un discours analogue aux circonstances, et dont le but était de recommander au Président les haïtiens qui s'incorporaient à la République, et qui, par leurs vertus, étaient dignes de toute sa protection. Quoique S. E. eût manifesté son grand regret de ne pas entendre la langue espagnole et de ne pouvoir répondre au discours qui lui avait été adressé, néanmoins, s'abandonnant à l'impulsion de son cœur, elle rappela sa note officielle du 12 janvier dernier, où sa propre profession de foi était consignée, et dont le gouvernement de cette partie avait donné connaissance au peuple, en la faisant traduire, imprimer et publier et elle témoigna que son plus grand bonheur serait de voir ses nouveaux concitoyens bien pénétrés de la droiture de ses intentions, et se persuader qu'elle ferait tous ses efforts pour garantir leur sûreté future et leur tranquillité intérieure. Tout le concours répondit à ces paroles de S. E. par des acclamations et des cris de : Vive la République d'Haïti! Vive l'indépendance! Vive la liberté! Vive le Président BOYER ! ! Immédiatement après, on se rendit à l'église cathédrale pour assister à un Te Deum, qui fut chanté solennellement en actions de grâces pour l'heureux événement de cette journée.

    En foi de quoi, nous, secrétaire, avons dressé le présent procès-verbal, que S. E. le Président d'Haïti et le corps municipal ont signé avec nous.

        Ainsi signé : BOYER, JOSÉ NUNEZ DE CASEREZ, ANDRES         LOPEZ, MEDRANO, JOSÉ DE LA CRUZ GARCIA, XAVIER         MUIRA, AUGUSTIN RAVELO , MIGUEL MARTINEZ DE            SANTELIRES, MERCED, VICENSE JEXERA, MIGUEL                GRECO, MIGUEL DE LAVASTIDA, Secrétaire.

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