Le Chargé d'affaires de l'Allemagne nazie à Port-au-Prince demande au Gouvernement haïtien de ne pas appliquer les sanctions américaines à l'encontre du Troisième Reich


Notes échangées le 30 Juillet et le 5 Août 1941 entre la Légation du Reich Allemand en Haïti et la Secrétairerie d'État des Relations Extérieures au sujet de l'inscription sur la liste noire américaine, de personnes appartenant à diverses nationalités.

Deutsche Gesandtschaft 
fur Haiti 
Port-au-Prince 
T. Nr. 426 41. 
Port-au-Prince, le 30 Juillet 1941. 

Monsieur le Secrétaire d'État,

Me référant à mon dernier entretien avec Votre Excellence sur la liste noire américaine, j'ai l'honneur, cette fois d'ordre de mon Gouvernement, d'attirer Votre attention sur le fait que le Gouvernement des États-Unis d'Amérique, en mettant sur la liste noire des maisons allemandes, italiennes et même haïtiennes, a non seulement terriblement frappé le commerce allemand en Haïti mais a aussi empiété sur la liberté du commerce ainsi que sur la souveraineté d'Haïti et que cet empiétement ne pourrait, pour cette raison, rester sans contestation de la part du Gouvernement Haïtien. Je tiens à ajouter que les maisons de commerce atteintes par la liste noire américaine sont discréditées en Haïti et ont comme contribuables et patrons donnant du travail à un très grand nombre d'haïtiens, droit à la protection du Gouvernement Haïtien. C'est pourquoi j'exprime l'espoir, et cela je le répète, d'ordre de mon Gouvernement, que le Gouvernement Haïtien prendra les mesures nécessaires afin d'empêcher les torts et préjudices portés par les américains contre les maisons atteintes.

À cette occasion, je me permets de rappeler que le Chili, lors de la Conférence panaméricaine qui eut lieu à Panama au mois de Septembre 1939, soutenu par l'Argentine, a fait déposer une motion selon laquelle les pays américains ne devraient tolérer l'application des listes noires des pays belligérants, étant donné qu'un tel acte restreint le commerce parmi diverses nations et atteint la souveraineté de ces États. Cet argument vaut surtout quand les États-Unis, c'est-à-dire un pays non belligérant, a pris de telles mesures.

Une acceptation de cet empiétement américain sans opposition du Gouvernement Haïtien serait incompatible avec l'esprit du Traité d'amitié et de commerce entre l'Allemagne et la République d'Haïti et ne resterait pas après la guerre sans influence sur les décisions allemandes lors de la reprise des relations commerciales germano-haïtiennes.

J'ai l'honneur d'attendre une réponse de Votre Excellence afin que je puisse informer le plus tôt possible mon Gouvernement selon les ordres reçus de lui, et saisis cette occasion pour Vous renouveler, Monsieur le Secrétaire d'État, les assurances de ma très haute considération.

s) Walter KAEMPFE

Pour copie conforme : 
Le Directeur Général : Fred. Destouches
 
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