Ces Haïtiens qui ont pris les armes aux côtés des Dominicains pour libérer la République dominicaine de l'occupation américaine en 1965

La révolution d'avril 1965 en République dominicaine a été non seulement un soulèvement national pour le retour à la constitutionnalité, mais aussi un exemple de solidarité internationale. Parmi les groupes qui ont rejoint la cause constitutionnelle, le Commando haïtien, composé d'exilés politiques et d'anciens militaires haïtiens, a apporté son expérience et son engagement à la lutte dominicaine.

Origine et composition du commando haïtien

Après la chute de la dictature de Rafael Trujillo en 1961, la République dominicaine est devenue un refuge pour de nombreux Haïtiens fuyant le régime de François Duvalier. Ces exilés, dont beaucoup avaient reçu une formation militaire, se sont organisés en Commando haïtien au début de la révolution en avril 1965. Ils se sont d'abord installés dans une boulangerie abandonnée près du parc de l'Indépendance, avant de déménager dans les locaux du Centre libano-syro-palestinien, à l'ouest du parc.  C'était la première fois que, sur le sol dominicain, des Haïtiens et des Dominicains se battaient ensemble contre un ennemi commun.

Contributions au champ de bataille

Le commando haïtien a joué un rôle crucial dans la résistance des Constitutionalistas. Selon le capitaine Ernesto González González, dit « El Gato », interrogé par l'Archivo de la Nación, « ces combattants étaient des experts en armement et étaient chargés de réparer les carabines, fusils et autres armes cassés à Parque Independencia ». « Leur capacité à fabriquer et à réparer des pièces essentielles, telles que des clous d'arrachage d'obus, était inestimable pour maintenir la capacité opérationnelle des forces révolutionnaires », selon le capitaine Gonzalez.

En plus de leur travail technique, les membres du Commando haïtien ont été actifs lors d'engagements clés. Renel Baptiste, par exemple, a manié un bazooka pendant la bataille du pont Duarte, détruisant un char ennemi et sauvant la vie de dirigeants tels que Montes Arache. Cette action a été confirmée, plus tard, par José Francisco Peña Gómez (Isalguez, « La Revolución de abril 65 » p. 10). Fred Baptiste s'est distingué lors de la prise de Fortaleza Ozama, en conduisant un char AMX grâce à sa formation d'artilleur. Il a également participé aux combats des 15 et 16 juin dans les locaux du journal La Nación.

Sacrifice et reconnaissance

L'engagement du commando haïtien pour la cause dominicaine a coûté cher. Jean Sateur, second commandant du commando, est mort lors de l'assaut manqué du Palais national le 19 mai 1965. Son corps, ainsi que celui d'un autre combattant haïtien non identifié, a été retrouvé quelques heures plus tard en raison des tirs nourris de l'ennemi. Malgré son sacrifice, Sateur n'a pas reçu la naturalisation posthume accordée à d'autres combattants étrangers tels qu'Ilio Capozzi et Jacques Viau [un poète haïtien, ndlr], ce qui témoigne d'un manque de reconnaissance institutionnelle de sa contribution.

Héritage de la solidarité

La participation du commando haïtien à la révolution d'avril 1965 symbolise la solidarité entre les peuples haïtien et dominicain dans la lutte contre l'oppression et pour la démocratie. Leur bravoure et leurs compétences techniques ont été fondamentales pour la résistance constitutionnelle, et leur héritage demeure un exemple d'unité et d'engagement en temps de crise.

Nota : Cet article a été publié initialement par la Resvista dominicana le 24 avril 2025 sous le titre El Comando Haitiano en la Revolución de Abril: Solidaridad y Lucha Compartida.


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